Ce fleuve a été à la source de la puissance des pharaons et de leurs célèbres pyramides. Un dieu lui était même consacré: Hâpi, dieu du Nil, de la fécondité et de la prospérité. Afin d'obtenir la fameuse crue annuelle qui devait fertiliser le désert grâce au limon qu'elle dépose sur les berges, de très nombreuses offrandes lui étaient offertes comme en témoignent les nombreuses sculptures retrouvées dans toute l'Egypte.
| Dieu Hâpi recevant une offrande |
Cependant, l'Egypte n'est pas le seul pays à partager ce précieux fleuve. Le Nil possède deux principaux affluents: le Nil Bleu et le Nil Blanc. Le Nil Bleu prends sa source en Ethiopie, dans le Lac Tana, puis pénètre le Soudan. Le Nil Blanc prends sa source au Burundi puis traverse le Rwanda, la Tanzanie, l'Ouganda, le Soudan du Sud et enfin le Soudan. Les deux fleuves se rejoignent pour former le Nil à Khartoum, la capitale du Soudan.
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| Le Nil et ses deux principaux affluents |
Le Nil est donc partagé par huit pays, auxquels on peut ajouter la RDC (République Démocratique du Congo) et le Kenya qui donnent d'importants affluents au Nil Blanc. Cependant, aucun accord entre les dix pays n'a été signé afin de garantir à chacun un partage équitable de cette précieuse ressource. Pire encore, le seul accord aujourd'hui en vigueur est un texte hérité de l'époque coloniale et signé en 1959 entre l'Egypte et le Soudan et s'intitulant tout simplement: "Accord pour le partage total des eaux du Nil entre l'Egypte et le Soudan". Pour des raisons historiques, démographiques et géographiques, l'Egypte s'est taillé la part du lion dans cet accord puisque sur un débit estimé à 84 milliards de mètres cubes par an, l'Egypte peut en prélever 55,5 et le Soudan 18,5. Cet accord a été très souvent pointé du doigt par les autres pays, notamment l'Ethiopie qui fournir avec le Nil Bleu près de 84% des eaux du Nil. Malgré cette injustice manifeste, la dépendance quasi-totale de l'Egypte au Nil comme ressource en eau (97% de sa consommation en eau proviens du fleuve et les 3% restants de nappes phréatiques fossiles) fait que ce dernier n'a jamais hésité à brandir la menace de faire appel à l'armée pour "garantir son droit naturel" envers ses voisins perturbateurs comme cele a été le cas au XVIIIème siècle avec l'Ethiopie.
Afin de régler pacifiquement ce problème qui deviens de plus en plus difficile pour l'Egypte, mais également pour les autres pays qui souhaiteraient pouvoir utiliser une ressource qu'ils considèrent comme leur propriété, la NBI (Nile Basin Initiative) a été crée le 22 février 1999 à Dar Es Salaam (Tanzanie). Le rôle de cet organisme international rassemblant les différents pays tributaires du Nil est de parvenir à un nouvel accord sur le partage des eaux, satisfaisant l'ensemble des dix pays. Son financement est principalement assuré par des dons d'organismes tels que la Banque Mondiale, des pays incluant la France et le Royaume-Uni et les cotisations des pays membres. Le rôle du NBI est principalement de financer des programmes de développement tels que des stations de pompage pour l'irrigation, des barrages hydroélectriques ou la remise en état de berges. Le but de l'Egypte dans le domaine est de fournir une aide technique et financière aux pays amont, sous réserve que la quantité d'eau qui lui est alloué par le traité de 1959 soit maintenue.
Malheureusement, l'histoire ne s'arrête pas là. L'objectif politique du NBI était de créer en 2009 une Commission Permanente du Nil ayant autorité pour partager la ressource que représente le Nil selon les pays. Cependant l'Egypte et le Soudan ont fait barrage et cette commission n'a jamais vu le jour. En conséquence, les pays amont ont signé la CFA (Cooperative Framework Agreement). L'Egypte et le Soudan ont refusé la signature de ce texte car l'article 14b relatif à la sécurité de la ressource en eau avait, selon eux, besoin d'être remanié. Une conséquence possible de cet accord aurait été que les pays en amont de l'Egypt et du Soudan puissent prélever ce qu'ils souhaitent du Nil, laissant aux deux derniers pays leurs restes.
Cette situation explosive a heureusement été désamorcée avec le Printemps Arabe qui a vu le président Moubarak chassé du pouvoir. A première vue, le gouvernement de transition souhaitait résoudre cet épineux problème, mais reste à savoir ce qu'il en sera après les résultats des élections présidentielles. Une victoire du général Ahmed Chafik, candidat de l'armée, reviendrait sans doute dans ce domaine à adopter la même posture que sous l'ère Moubarak, alors que Mohamed Morsi (le candidat des Frères Musulmans) n'a pas donné de précisions quand à sa position sur cette question.
Sources:
http://en.wikipedia.org/wiki/Nile (anglais)

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